Air et Eau

« La patrie où l’être s’appartient à soi-même, c’est l’air du ciel »

Gaston Bachelard, L‘air et les songes

Je vous invoque, Eaux du troisième Jour

Eaux murmure des sources, eaux si pures des altitudes

neiges ! eaux des torrents et des cascades

eaux justes, mais vous Eaux de miséricorde, je vous invoque

d’un cri rythmé et sans dédit …

Leopold Sédar Senghor, Poèmes Nocturnes

Papier et encre

C’est l’abandon de la couleur à la fin des années 90.  Non pas une trahison, mais comme une mise à distance de ce qui faisait encore la séduction de cet espace singulier qu’est une œuvre picturale. De plus, j’avais, de longue date, une passion pour la peinture d’encre orientale, qu’elle soit japonaise ou chinoise. J’ai fait alors l’apprentissage d’une technique qui ne permet pas le repentir, l’encre posée est posée une fois pour toute, et l’erreur, si cela se produit, fait partie de l’œuvre en train de se faire… seulement une lente progression en puissance qui oblige à la quiétude et au silence, qui oblige à écrire la forme du vide… Une discipline qui a un rapport avec le temps, l’abolition du temps.

Tondo

… diminutif de l’italien rotondo, qui signifie rond…

« Chaque tondo serait alors comme la plus immobile représentation de la mobilité, et la plus fermée de l’ouverture. Imaginons un instant que chacun représente un état intérieur, chacun rejaillit sur l’autre, s’y diffuse et le change. de même, si nous imaginons que chaque tondo représente les tendances fortes d’une personne, chacun se révèle au contact de l’autre et prend vie. Comme le dit Philippe Païni : au matin sur le seuil nous nous parlons / avec des bouches pleines de sommeil / la vitesse du seuil / fait tourner la maison…»

Françoise Delorme, extrait d’une conférence pour l’ exposition Regards croisés, Musée de la lunette. 2008. Morez.

Paysages

Quant à l’immensité du Paysage : avec ses terres étendues sur mille lieues, ses nuages qui s’enroulent sur dix mille lieues, ses successions de cimes, ses alignements de falaises, même un Immortel qui dans son vol, n’en voudrait prendre qu’un aperçu superficiel, n’en pourrait faire le tour.

Shitao, Les propos sur la peinture du moine Citrouille-amère, Traduction Pierre Ryckmans, Hermann éditeurs.

Cascade et eau courante

L’eau coulait tantôt à toute vitesse, tantôt s’allongeait en détour, parfois s’enfonçant, parfois se soulevant, tantôt, enfin, allant tout doucement; ou bien le flot se heurtait au flot. Enfin, après de nombreuses courses à travers les airs elle retombait sur la tête de Çankara et, de là, se précipitait sur le sol.

Le Râmâyana, Trésor de la poésie universelle, Roger Caillois, Jean-Clarence Lambert, Edit. Gallimard

Bol et encre

Les trois grandes aquarelles au mur derrière le chevalet, sont les dernières d’une série commencée voici deux ans sur le thème de l’eau “le mouvement, le temps qui passe“. Dans chacune d’elle, s’ouvre une fenêtre, avec au premier plan un gobelet légèrement incliné comme celui autour duquel s’articule “L’ivresse de Noé“, un tableau de Bellini visible au musée des beaux arts de Besançon.

 Samuel Cordier (article de presse)