La cascade de la Marjorie – Lons-le -Saunier (39)

Une histoire : les locataires du groupe d’immeubles sociaux de la Marjorie à Lons le Saunier forment dans le début des années quatre vingt une association pour s’opposer à la poursuite de la construction d’immeubles sur un terrain réservé à cet effet avec la volonté d’en obtenir la transformation en terrain de jeux, en espace « vert ». Manifestations et occupation du lieu aboutissent à un dialogue avec les promoteurs qui acceptent d’abandonner leur projet de construction. Une agence d’architecture est désignée pour concrétiser cette demande. La barre d’immeuble qui devait se prolonger présente une façade borgne, que faire de cette surface ? C’est alors que cette agence d’architecture fait appel à mes services.

Je propose donc une peinture murale dont la maquette sera exposée au siège de l’association et soumise à l’approbation de ses membres. Elle fut acceptée, l’œuvre restait à exécuter : un mois de juillet sans une goutte d’eau… sauf une matinée de bruine. Perché sur un échafaudage de sept étages de six heures du matin à une heure de l’après midi, jour après jour, le dessin réalisé par une mise « au carreau ». de la maquette… puis mise en couleur.

La Bibliothèque Départementale de prêt – Lons-le -Saunier (39)

Pour ce projet l’agence d’architecture m’a intégré à l’équipe dès le début des travaux, c’est à dire dès l’avant projet, ce qui est exceptionnel, cette création dans le cadre du un pour cent étant souvent réalisée une fois le projet d’architecture terminé, ce qui m’a laissé le loisir de faire des propositions, comme celle du mur sur lequel j’intervenais que j’ai imaginé ondulé pour évoquer la forme du « volumen » Ce livre primitif en forme de rouleau.

J’ai, pour la réalisation, détourné une technique de gravure chimique utilisée pour des  petites surfaces de béton sur du mobilier urbain ou sur des sols. Ce produit, fabriqué par une entreprise locale, attaque la surface du béton pour laisser apparaître le gravier.  La surface courbe du mur étant réalisée avec douze panneaux de béton préfabriqués, j’ai donc réalisé sur un support de grande surface à la dimension des panneaux (du plastique alimentaire souple de quelques dixièmes de millimètre) le tracé inversé de mon dessin avec ce produit déposé au pinceau. Ces feuilles étaient déposées en fond de moule. J’ai demandé que la peau des panneaux soit réalisée en béton blanc dont le granulat était une roche d’un vert très foncé broyée assez finement. Après un essai concluant, l’entreprise s’est donc lancée dans la fabrication de l’ensemble des panneaux. j’ai beaucoup apprécié le professionnalisme de l’équipe qui a tout de suite été à l’écoute de mes exigences et a produit les panneaux avec beaucoup de soin. cette technique, pérenne, n’a, à ma connaissance, jamais été utilisée de la sorte alors qu’elle aurait pu évoluer.

La mairie de Blanzy

Cette façade borgne, faisant face à la façade vitrée dédiée à l’entrée sous l’arc de triomphe que forme le bâtiment de la mairie de Blanzy, situé de chaque côté et au dessus d’une rue, avait besoin de lumière pour magnifier le préambule de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1793…

Peinture sur feuilles de clinquant de laiton, un feuillage de laurier laissant apparaître des feuilles au reflet du métal doré, une frise horizontale répétitive du texte, frise dont le texte est illisible pour progressivement être lisible au centre de cette composition pour à nouveau être de moins en moins lisible… avertissement à tout lecteur de passage, les mots s’usent, il faut relire constamment ce texte fondateur.

Et ces feuilles dorées ? Elles varient d’intensité lumineuse du matin au soir sous l’effet de la lumière changeante. 

Et d’autres murs peints

Musée de la résistance, Nantua (01)

La forge, peinture murale pour un particulier

Façade de l’entreprise O.B.T.P.